samedi 12 mai 2012

Amélie Dillemann " Disparition 1967-2012 "

Amélie Dillemann et sa médaille en carton
crédit photo: http://www.elle.fr/Deco/Les-visites-privees/Toutes-les-visites-privees/Amelie-Dillemann-une-creatrice-qui-cartonne/Amelie-Dillemann

"Amélie Dillemann prend un plaisir ingénu à n'utiliser que des matériaux pauvres. Ni or, ni bronze, ni argent chez elle, mais du papier, du carton, de la colle, de l'encre, des rubans, des fils de soie, de coton et de la cannetille.
   Arte povera: avant, et autant, qu'une région de l'art contemporain, ce fut, comme l'on sait l'humble et admirable savoir-faire des laqueurs du XVIIIème siècle vénitien, qui parvinrent à sublimer l'objet le plus commun, et le mobilier ordinaire: là encore à coups de ciseaux et de papier, d'applications et de découpes.

   Dessinatrice, graphiste, modéliste, décoratrice, architecte d'intérieur, ornemaniste: Amélie Dillemann appartient en même temps au clan bien français des bricoleurs de génie, de ces artistes qui se font une joie de tirer le plus du moins, d'exalter la nature du matériau le plus trivial: ce sont les objets en débourre-pipe de Cocteau, les sylphes d'écorce de bouleau de Janine Janet, les décors d'Annie Beaumel, les osiers sophistiqués de Lina Zervudachi, pour n'en donner que quelques exemples. Scénographes de l'éphémère qui forcent le respect d'exposer ainsi le travail de leur imagination au risque de l'effacement et de la destruction.

   Cela a son prix. On se hâte de conclure que ce qui est fait de rien ne vaut pas grand chose, que l'objet de peu demande peu. C'est l'inverse qui est vrai. Et c'est pour cela qu'Amélie Dillemann choisit facétieusement de "disparaître": offrant au visiteur le musée de son travail, l'archive de son imaginaire. Sacs et meubles de carton découpé, déjà célèbres, cabinets hollandais qui ne pèsent rien, théâtres de papier, restes d'anciens travaux ou germes de futurs assemblages, bijoux aériens et ailes d'anges: autant de trouvailles et de constructions poétiques face auxquelles on pourra vérifier que les petits riens, c'est déjà beaucoup, comme le dit la chanson. Et aussi, prendre enfin la mesure de l'esprit, à tous les sens du terme, de cette oeuvre à la discrète virtuosité."
 Patrick Mauriès

vendredi 16 septembre 2011

Galerie F. De Nobele

Reflet du goût singulier, et rigoureux, de ses initiateurs, la Galerie De Nobele fut parmi les premières à réinventer le goût de la curiosité, tel qu'il s'était incarné à l'âge baroque. Sans jamais céder aux recettes décoratives ni aux diktats du goût du jour, elle poursuit sa recherche du mélange des styles et des genres, de ce que Carlo Emilio Gadda appelait des "appariements judicieux" à travers le dialogue des arts plastiques et décoratifs, des années 50 à 70, au constructivisme russe et aux objets d'un bizarre baudelairien.


Animal Fétiche
Sculptures de Denis Polge
Galerie de Nobele 2, rue de Bourbon Le Château, Paris VI
denobelegalery@gmail.com
06 09 02 08 66
23 septembre/22 octobre.
Du lundi au samedi de 14h30 à 19h30 et sur rendez-vous
Vernissage le jeudi 22 septembre à partir de 17h

jeudi 15 septembre 2011

Denis Polge

né en 1972 à Grasse

Expositions personnelles

2011 Galerie Pascal lainé, Ménerbes
2010 Alliance française de New Dehli, Galerie Frédéric Moisan, Paris
2009 Chanel Nexus Hall, Tokyo, Japon
2008 Galerie Athanor, Marseille
2007 Galerie Alexandre Biaggi, Paris
2005 Galerie Alexandre Biaggi, Paris
2004 Galerie Alexandre Biaggi, Paris
2002 Galerie Nuage, Milan
2001 Galerie Martine Gossieaux, Paris
2000 Galerie Pixi-Poliakoff, Paris
1999 Galerie Pierre Passebon, Paris

Publications principales

Fragments de paradis, Texte de Xavier Girard, La Pionnière, 2010
Autres Rives, Textes de Xavier Girard et Henry Mathieu, Le Promeneur/Gallimard, 2009
Les Eaux Dormantes, Textes de Patrick Mauriès, François-Xavier Lalanne, Richard Stamelman, Henry Mathieu, Le Promeneur / Gallimard 2007

dimanche 26 juin 2011

Animal Fétiche sculptures de Denis Polge


Cela aurait aussi bien pu s'intituler « animaux trouvés », comme les surréalistes parlaient d'« objets trouvés » : entités aussi improbables que saisissantes, nés de la rencontre, sur la table de l'artiste d'un bouchon de liège et d'algues séchées, de coquillages et de barbe de palmier, de filasse et de fer blanc, de bogues de châtaigne et de filaments de bronze ou de laiton. Rencontres imprévisibles dont sort en un instant un animal plus vrai que nature, à la fois impossible et ressemblant, évocateur et superbement plastique. Souris, chat, hérisson, scarabée ou scolopendre : voici tout un bestiaire, de bric et de broc, qui vivrait à la lisière du réel et de l'imaginaire.
Animaux fétiches aussi, chargés d'une puissance étrange, comme peuvent l'être un gri gri animiste ou un animal totémique : d'autant plus émouvants que les matériaux qui les composent sont résolument « pauvres », réduits parfois à de simples vertèbres ou épines: plâtre, terre cuite, bois blanc, plume, goudron, bout de grillage, bout de papier, badigeonnés de peinture ou soulignés d'or.
Nouveau registre dans les moyens d'expression, déjà multiples, de Denis Polge, qui franchit ici le seuil de la troisième dimension, passe de l'aplat au relief, dans un changement qui pourrait sembler radical, mais qui, pour peu que l'on s'y attache, reste dans le droit fil de sa démarche : le goût d'une réalité en dérive, de corps glissant à la surface des choses, d'hybrides flottant librement dans l'espace.
Patrick Mauriès